Un homme nous apparaît. Épave propre et nette, il a jadis sombré au fond de l’océan. Travailleur clandestin engagé sur le Titanic, il n’a pas été comptabilisé parmi les victimes. Il a sombré dans le néant, sans trace, sans sépulture.
Dans le chaos de sa tête brisée, traversé par toutes les voix qui l’ont accompagné, il joue avec une énergie jubilatoire à reconstituer les morceaux disséminés de sa mémoire. Car il y a une catastrophe pire que la mort, c’est la « disparition ».
La première pièce de Patrick Kermann contient le secret qui irradie toute son œuvre.
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Extrait
“Moi Giovanni Pastore
ils avaient beau venir me supplier
tous oui en personne sont descendus à la plonge
Gatti avait déjà foutu le camp
alors quand ils sont entrés je me suis dit aïe qu'est-ce qu’ils me veulent
peuvent pas me laisser finir tranquillement
surtout qu’on va bientôt sombrer
définitivement
dans l’histoire
que dis-je la légende le mythe
pas le moment de me déranger
Giovanni entre dans l’histoire
j’allais pas louper ça quand même
la Mama me l’aurait jamais pardonné ”
The great disaster,
Patrick KERMANN